Autrefois, chasse la gardée des hommes, la production semencière a désormais un visage féminin au Burkina Faso. L’on rencontre de plus en plus de femmes qui s’intéressent à cette activité de production agricole. Nous sommes allés à la rencontre de ces amazones qui arrivent à tirer leur épingle du jeu dans la production semencière, dans les régions du Centre et du Centre-sud. C’était au cours du mois de septembre 2024, lisez.
Selon maitre Antoinette OUEDRAOGO, on ne peut pas faire de l’agriculture par procuration
Maitre Antoinette Nongba OUEDRAOGO, avocate à la cour a plus de 30 ans d’expérience dans l’agriculture, dont 13 ans dans la production semencière. Nous l’avons retrouvé dans sa ferme agricole à Bassemyam, à la périphérie de la ville de Ouagadougou, ce mercredi 11 septembre 2024. En sur vêtement complet, casquette sur la tête, pioche en main, c’est avec un grand enthousiasme que l’avocate nous a ouvert les portes de sa ferme, avant de se fondre à ses employés pour le repiquage du riz. Pour cette campagne agricole 2024-2025, maitre Antoinette Nongba OUEDRAOGO, a produit 7 hectares de maïs de la variété wari et 6 hectares de riz de la variété KBR, tous de la semence et un peu de niébé pour la consommation. Au stade de floraison et présentant une bonne physionomie, les plants rassurent d’une bonne récolte, mais notre avocate se dit tout de même inquiète quant à l’installation tardive de la présente campagne agricole et espère que les pluies atteignent mi-octobre afin que les récoltes puissent atteindre la maturation.
Madame OUEDRAOGO se fait aider par des femmes déplacées interne dans son exploitation
Grande passionnée de l’agriculture, notre productrice semencière du jour, dispose de trois sites de production. Elle fait également du maraichage en campagne sèche car disposant d’une retenue d’eau et d’un forage à haut débit. Elle dit produire des oignons, des courgettes, du gombo, des aubergines, des concombres, de la salade et des choux. Selon dame OUEDRAOGO, l’agriculture plus précisément la production semencière est une activité saine, passionnante et rentable pour peu que l’on s’y adonne à cœur joie. Elle invite toutes les femmes qui hésitent encore, à franchir le pas car elles ont tout à gagner pour peu qu’elles acceptent de se salir, d’avoir des mains rugueuses ; car dit-elle, on ne peut pas faire de l’agriculture par procuration, il y’a un prix à payer.
La relève est assurée
Toujours à Bassemyam, nous sommes allés à la rencontre d’une autre productrice semencière, du nom de Aminata Patricia YODA. Autrefois agent du ministère en charge de l’Agriculture, madame Aminata Patricia YODA, s’est consacrée entièrement à la production semencière après sa retraite. Elle est membre du bureau de l’Union Régionale des Producteurs Semenciers du Centre. Cette année, elle a produit 3 hectares de niébé de la variété komcalé et 3 hectares de sorgho de la variété kapelga. Au stade de montaison pour le sorgho et la floraison pour le niébé, l’exploitation de madame YODA présente une bonne physionomie. Elle dit attendre 850 kg à l’hectare pour le niébé et 2 à 2,5 tonnes à l’hectares pour le sorgho, si toutefois les pluies continuent jusqu’en début octobre. Elle explique que n’eut été l’installation tardive de la campagne, son exploitation agricole se porterait beaucoup mieux au jour d’aujourd’hui. En plus de la production semencière, elle pratique l’élevage de volaille et de la pisciculture. Pour ses travaux champêtres, madame Aminata Patricia YODA se fait accompagner et assister par sa fille afin que la relève soit assurée. Economiste de formation, Jacqueline DABIRE/YODA, malgré ses multiples occupations, dit trouver du temps pour accompagner sa mère à la ferme agricole afin d’acquérir de l’expérience. Selon elle, la production semencière est une activité passionnante et rentable. Pour ce faire, elle invite les femmes qui ont la possibilité et l’opportunité d’avoir des terres cultivables à se lancer dans l’agriculture car la terre ne ment pas et elle nourrit dignement son homme.
Madame Aminata Patricia YODA en supervision dans son champ
De la banque à la production semencière
Dans la même journée du 11 septembre, nous retrouvions madame Cécile Marie Christine GALBANE, membre du Conseil d’Administration de l’UNPSB, dans sa ferme agricole à Saaba, à la périphérie de Ouagadougou. Elle fait partie de ces amazones de la production semencière dans la région du Centre. Autrefois cadre de banque, sa passion de l’agriculture a pris le dessus et elle a décidé de quitter sa fonction pour se consacrer pleinement à sa passion. Pour la présente campagne, dame GALBANE a produit 10 ha de sorgho de la variété kapelga, 6 ha de niébé, 7 ha de sésame, du riz, du maïs, du mucuna et des arachides. Au stade de floraison, l’exploitation agricole de madame GALBANE présente une bonne physionomie qui laisse présager de bonnes récoltes. Selon elle, hormis l’installation tardive des pluies, les producteurs de la région du Centre auront de bons rendements si dame nature reste clémente jusqu’en début octobre. En dehors de la production semencière, notre amazone du jour fait du maraichage en contre-saison grâce à son bas-fond et à un forage haut débit, une activité qu’elle qualifie de mine d’or. Elle affirme n’utiliser que la fumure organique obtenue grâce à l’élevage de volaille, des bœufs et des porcs de sa ferme. Et les résidus issus de la production agricole sont réutilisés pour nourrir ses animaux.
Madame Cécile Marie Christine GALBANE affirme n’utiliser que la fumure organique dans son exploitation
La production semencière nourrit bien son homme
Après le Centre, cap a été mis sur la région du Centre-sud le lundi 23 septembre, à la rencontre d’une autre productrice semencière qui fait la fierté de sa région, à savoir madame Edith OULON. Autrefois entrepreneure dans le BTP, la passion et l’amour de l’agriculture ont fini par prendre le dessus sur dame OULON. Elle est devenue aujourd’hui l’une des grandes figures de la production semencière du Centre-sud. Installée sur une superficie de 100 hectares à Saro, village situé à 25 km de la ville de Pô, la production semencière n’a plus de secret pour madame OULON qui est dans le domaine depuis une vingtaine d’année. Venue dans la production agricole par passion, aujourd’hui, elle dit vivre pleinement de cette activité. Pour la présente campagne agricole, sa production en termes de semences se chiffre à 15 ha de maïs,10 ha de sorgho, 10 ha de sésame, 14 ha de soja, 3 ha d’arachide et du mil. Le maïs est au stade de maturation et la floraison pour le soja, l’arachide et le sésame. A l’étape actuelle de la campagne agricole, madame Edith OULON se dit satisfaite de la physionomie de son exploitation agricole, qui augure de belles récoltes si toutefois les pluies atteignent mi-octobre. Pour la présente campagne, elle confie avoir investi plus de 10 millions de FCFA et espère de très bons rendements en fin de campagne.
Madame Edith OULON sur sa parcelle d’arachide
Son amour et sa passion pour le travail de la terre, dame OULON l’a transmis à l’un de ses fils, Éric Marc OULON ; qui malgré ses études supérieures à Dakar, au Sénégal, a accepté revenir pour assurer la relève de l’exploitation familiale auprès de sa génitrice. C’est d’ailleurs, lui qui s’est occupé de l’exploitation agricole cette année, car sa génitrice étant souffrante, nous confia-t-elle. Une relève dont dame OULON se dit fière et l’encourage à persévérer sur cette lancée. En plus de la production agricole, madame Edith OULON pratique également l’élevage de la volaille, des petits et gros ruminants. Une activité qui lui procure des revenus mais également de la fumure organique pour enrichir son exploitation agricole. Pour l’autonomisation financière des femmes, madame Edith OULON les invite à s’intéresser à l’agriculture, notamment à la production semencière car c’est une activité qui nourrit bien son homme. Et pour ce faire, elle plaide pour l’accès des femmes à la terre afin qu’elles puissent s’y investir pleinement pour le développement socioéconomique du Burkina Faso.
Service communication de l’UNPSB